Dès la sortie du camp, aux premières lueurs, nous ne pouvions manquer sa silhouette imposante sur l'horizon Est, déjà rougeoyant. L'Afrique éternelle renaissait sous nos yeux !
Nous savions immédiatement à qui nous avons à faire : les défenses démesurées de Gargantua, elles touchent quasiment le sol, identifient son propriétaire bien mieux que le collier qui cercle son cou.
Gargantua, le plus grand tusker du Masai-Mara, traîne sa lourde carcasse depuis toujours du côté du marais de Musiara. Il disparaît cycliquement quelques temps pour d'obscures migrations sur des pistes séculaires inconnues. Je me demande à chaque saison si je le reverrai encore une fois, une dernière fois, s'il aura pu échapper aux dangers de la savane, aux flèches empoisonnées des braconniers ou aux balles des chasseurs. Cette légende africaine les évite depuis plus de 50 ans, peut-être 60 !
Je ne saurais dire s'il appartient au Masai-Mara... ou si le Masai-Mara lui appartient...