En partant en safari en milieu d'après-midi, je ne m'étais pas méfié ! Il y avait bien ces nuages sombres et ce ciel violacé sur l'horizon, mais le soleil caressait encore de ses rayons doux l'océan de savane herbeuse. il ondulait au vent, plus blond et doré que jamais ! Puis, le ciel s'est métamorphosé, il devint noir, progressivement, imperceptiblement, sans tambour ni trompette... J'ai vite compris, pour l'avoir trop connu, le scénario qui allait suivre et décidais de rentrer dare-dare, bien plus tôt que d'accoutumé... Mais un violent orage me rattrapa et déchargea soudain sa colère !
Rouler dans une gangue de boue épaisse, le trop fameux "cotton soil" du Mara, met le Land Cruiser et sa mécanique à rude épreuve... La panne ! Stupide ! Des boulons de roues sans doute mal serrés... et les moyeux cassèrent soudainement ! La roue arrière en travers ! Me voici planté, en pleine savane ! Elle ressemble désormais en une vaste lagune...
J'appelle à l'aide notre mécano et le véhicule de logistique... mais il est parti à l'autre bout du Mara pour secourir le 4x4 de Cheetah for Ever, lui-même planté ! Tous les autres véhicules Meltingpotiens sont à Nairobi ou en safari itinérant, à Samburu ou Baringo ! La situation est dantesque, oppressante : sortir alors du véhicule pour tenter de regagner le camp à quelques kilomètres équivaudrait à une forme de suicide. La perspective de passer la nuit en t-shirt humide dans un véhicule ne m'enchante guère. En désespoir de cause, j'appelle alors à la rescousse un ami du village Massaï de Mararianta. Je l'ai attendu longtemps, très longtemps dans une nuit d'encre, dans les éclairs et la foudre, sous l'orage qui grondait de plus belle. Lorsqu'il me rejoint enfin, j'abandonne pour la nuit le 4x4 et nous nous engageons sur les pistes du camp. Mais de piste, il n'y en a plus ! Nous roulons sur le lit de torrents impétueux et effrayants ! Nous croisons ici et là des véhicules embourbés, abandonnés eux aussi. Puis, fatalement, nous nous embourbons à notre tour. C'est un véhicule du Governor's qui nous sortira du bourbier finalement...
La lumière était grise lorsqu'il commençait à pleuvoir dru en fin d'après-midi : matriarche en tête, les éléphants n'en étaient que plus majestueux encore...