Melting Pot safaris : la toute première image...

C’était le 1er août 2006 à Amboseli, Kenya.

Simon Chebon et moi avions accueilli deux jours plus tôt nos quatre tout premiers clients officiels à l’aéroport de Nairobi, une famille avec deux enfants de 7 et 8 ans.

Nous étions partis la veille en direction d’Amboseli, ses hordes d’éléphants aux défenses majestueuse et son mythique Kilimandjaro. L’aventure Melting Pot Safaris commençait alors véritablement.

Simon était le guide. Le rôle qui m’incombait était plutôt nébuleux, un panaché d’accompagnateur, animateur… et je devrais couvrir le safari photographiquement, quelques conseils techniques aussi au chef de famille photographe amateur.

J’essayais de dissimuler que j’étais aussi enthousiaste que nos premiers safaristes ; après tout, pour ce qui me concerne, l’accompagnement d’un groupe ne devait être qu’un job… En y repensant, je n’ai pas dû faire illusion bien longtemps !

Ce 1er août il s’agissait donc du premier safari officiel de notre société naissante. Je me souviens être surpris de la quantité d’éléphants qui sortaient des massifs boisés pour se nourrir et s’abreuver au cœur des marais verdoyants. Nous leurs avions consacré la matinée entière. Malgré le cagnard qui nous assommais, nous étions encore à 11 heures passées en safari, au beau milieu d’une troupe.

Simon avait toujours, déjà, un coup d’avance sur les comportements. Il sent les choses venir, cela me sidère encore aujourd'hui. Il avait vu, au loin, le manège d'une femelle en chaleur et deux mâles imposants se toiser à distance, se jauger… avant qu'il ne se jettent l'un sur l'autre et que n’éclate un combat d’une rare violence ! J’entends encore 14 ans plus tard le bruit sec des défenses qui s’entrechoquent !

Nous étions aux premières loges. Un peu trop près même, cela faisant parfois frémir les enfants. J’avais prêté un petit télé-zoom à Christian, le chef de famille, je n’avais que le puisant 500 mm pour photographier les deux pachydermes qui en décousaient. 500 mm pour des éléphants, c’était loin d’être idéal. La plupart du temps le sujet n’entrait pas dans la cadre, il fallait que les éléphants composent eux-mêmes la scène pour que je puisse occasionnellement la saisir.

La poussière volait, elle leurrait souvent la mise au point.

Et puis, le temps d'un clignement de paupière… la magie de la photographie animalière !

Ce petit instant si éphémère que vous en prenez conscience véritablement dès lors qu’il appartient au passé ! Une fraction infime de seconde, entre deux obturations du miroir du boitier reflex, vous percevez une image. Elle s'imprime un instant infinitésimal sur votre rétine, mais à jamais dans votre esprit !

Une image qui vous a instantanément semblé parfaite, idéale, ultime… Vous venez de toucher du doigt le nirvana photographique… Quelques années d’expérience vous apprennent que l’humilité est de mise, vous ne le revivrez qu’en de très rares occasions, bien moins dans une carrière que vous avez de doigts sur les mains.

Cette photographie monochrome grise d'un combat d’éléphants dans la poussière, sous la lumière la plus hideuse qui soit, fut réalisée voici bientôt 14 ans. Peut-être un joli cadeau de bienvenue des Dieux de la savane... j'ai le sentiment de n'avoir jamais fait aussi bien depuis...